ÉTUDE OMS SUR LES TEMPS DE TRAVAIL : UN RISQUE POUR LA SANTÉ AU DELÀ DE 55 HEURES PAR SEMAINE

26 mai2021

 

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation internationale du Travail (OIT) viennent de publier une étude portant sur les risques de travailler pendant de trop longues heures. Cette étude a été menée avant la pandémie du Covid-19. Elle reste d’actualité du fait de la tendance amenée par cette pandémie à travailler plus longtemps, au moins pour certains collaborateurs. « Un travailleur sur dix peut faire face à des semaines de travail de plus de 55 heures » selon l’ONU. Les conséquences sur la santé sont réelles. 

Quels sont les risques de travailler 55 heures ou plus par semaine ?

« Travailler 55 heures ou plus par semaine représente un grave danger pour la santé », a souligné le Dr Maria Neira, directrice du Département environnement, changement climatique et santé à l’OMS. L’étude conclut que l’impact sur la santé est mesurable par une augmentation de 35% du risque d’accident vasculaire cérébral (AVC). On note aussi une hausse de 17% du risque de décès dus aux maladies cardiaques pour les personnes travaillant 55 heures ou plus par semaine par rapport à ceux qui travaillent 35 à 40 heures par semaine.

Un inquiétant effet rebond parfois des années plus tard.

Le risque pour la santé s’accroit avec l’âge et ne se mesure pas que pour les salariés qui sont en activité. En effet, la plupart des décès enregistrés concernaient des personnes de 60 à 79 ans qui, lorsqu’elles avaient 45 à 74 ans, travaillaient 55 heures ou plus par semaine. L’OMS a ainsi indiqué : « qu’environ un tiers du total de la charge de morbidité estimée liée au travail est imputable aux longues heures de travail ». L’OMS en a donc conclu que les semaines trop longues sont le premier facteur de risque de maladie professionnelle. L’OMS et l’OIT estiment ainsi qu’au niveau mondial pour une année, 398 000 personnes sont mortes d’un AVC et 347 000 d’une maladie cardiaque pour avoir travaillé au moins 55 heures par semaine

La pandémie du Covid-19 renforce la tendance à travailler plus de 55 heures par semaine.

La crise sanitaire renforce la tendance à travailler plus longtemps avec le télétravail. Pour l’OMS, celui-ci n’aide en aucun cas à renverser la tendance du fait de la digitalisation des processus de travail qui – au contraire- rend la déconnexion des salariés plus difficile.

Face à cette tendance, l’OMS, par la voix de son Directeur Général, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’inquiète de l’augmentation du nombre de personnes travaillant trop. Pour certaines entreprises, le télétravail est devenu la norme. La frontière entre maison et travail s’est estompée et ce phénomène a tendance à accentuer le nombre d’heures travaillées. Pour autant, les précautions pour éviter les excès n’ont pas forcément été prises. Frank Pega, expert à l’OMS, a indiqué que « le nombre d’heures de travail a augmenté d’environ 10% durant les confinements », en s’appuyant sur une étude du National Bureau of Economic Research dans 15 pays. Aujourd’hui, le nombre de personnes travaillant de façon excessive représente 9% du total de la population mondiale.

Les mesures pour stopper cette tendance.

Certaines mesures peuvent être prise par le gouvernements et les employeurs ainsi que les syndicats afin de stopper cette tendance et donc protéger la santé des travailleurs. D’après l’OMS, les mesures à prendre sont l’adoption de lois par les gouvernements, de conventions et accords entre les employeurs et les salariés afin de garantir un assouplissement du temps de travail. Quant aux employés, ils pourraient mieux se répartir les horaires afin de faire en sorte de ne pas dépasser 55 heures de travail pour une semaine.

Pour l’OMS, il faut gérer en amont les temps de travail.

Cette nouvelle étude de l’OMS vient confirmer une tendance déjà connue et la crise sanitaire ne fait que l’amplifier. Une meilleure organisation des plannings en amont, avec notamment une meilleure mutualisation de la charge, est un outil incontournable pour prévenir ces excès sans pour autant déresponsabiliser les salariés. Au-delà, un suivi rigoureux des temps de (télé)travail reste un des moyens pour éviter le caractère répétitif des excès d’heures hebdomadaires.

Voir l’étude détaillée de l’OMS

 

Thierry Bobineau, Directeur Marketing chez Horoquartz